Plus d'un Belge sur quatre a (déjà) la nostalgie des vacances
Près d'un manager sur deux ne fait rien pour compenser l'absence du personnel parti en vacances
Parallèlement à la rentrée des classes, la plupart des Belges ont repris le chemin du travail après des vacances bien méritées. Cependant, la sensation positive des vacances s'estompe déjà après quelques jours chez plus d'un quart des travailleurs (28 %), qui éprouvent très rapidement la nostalgie des vacances. Autant déclarent que la reprise du travail après une période de vacances est encore plus chaotique que d'habitude. Le fait que près de la moitié des managers ne prend aucune mesure pour compenser l'absence du personnel en vacances n'y est pas étranger. Et comme beaucoup de travailleurs consacrent une partie de leurs vacances à s'occuper des enfants et d'autres membres de la famille, à réaliser des travaux domestiques ou assurer un suivi des tâches professionnelles, ils ne parviennent pas à se détendre suffisamment et perdent l'effet positif de vacances bienfaisantes. C'est ce qui ressort d'une étude menée pour le compte du prestataire de services RH Tempo-Team auprès de 2500 travailleurs et 250 employeurs de Belgique, en collaboration avec la professeure docteure Anja Van den Broeck, experte en motivation du travail à la KU Leuven*.
Même si près d'un travailleur sur trois (30 %) a la possibilité de reprendre le travail sur un tempo mineur, ils sont presque aussi nombreux (27 %) à ressentir une forte pression dès le retour au travail. 18 % des répondants se disent d'ailleurs plus vite fatigués dans la période qui suit les vacances que durant le reste de l'année. 14 % éprouvent plus de stress que d'habitude et 13 % reconnaissent avoir besoin de plusieurs semaines pour retrouver un rythme normal.
L'effet bienfaisant des vacances dure de moins d'une semaine (pour 25 % des travailleurs) à quelques semaines tout au plus (pour 28 %). Mais pour le plus gros contingent de répondants (36 %), les vacances se soldent par… zéro gain d'énergie. Cela s'explique sans doute par le fait qu'ils prennent des vacances pour s'occuper des enfants (20,9 %) ou d'autres membres de la famille (15,4 %). 44 % des répondants profitent des vacances pour réaliser de petits travaux de bricolage et 11 % pour suivre en ligne l'évolution des activités professionnelles. Bref, tout cela ne contribue pas à préserver longtemps la sensation optimale des vacances. Faut-il ensuite s'étonner d'apprendre que 41 % des Belges interrogés aspirent d'ores et déjà à de prochaines vacances ?
L'étude confirme en revanche que le groupe de travailleurs qui a cumulé plusieurs vacances de courte durée (27 %) déclare se sentir mieux que les collègues qui ont seulement pris une longue période de vacances estivales (10 %) ou qui l'alternent avec de plus courtes (63 %). Les partisans de courtes vacances plusieurs fois par an ressentent moins la nostalgie des vacances (23 %) que les deux autres groupes (tous deux de 30 %). Par ailleurs, seulement 34 % des Belges qui cumulent des vacances courtes, sitôt rentrés de leur villégiature, déclarent attendre d’ores et déjà les suivantes, alors que c'est le cas pour 45 % de leurs collègues qui épargnent les jours de congés en vue de prendre une longue période de vacances et 43 % de ceux qui associent de grandes vacances en été avec plusieurs petits congés. Et dans le premier groupe cité, ils sont plus nombreux (29 %) à s’estimer contents de retourner au travail que ceux qui ne prennent qu'une longue période de villégiature (24 %) ou l'associent avec des congés plus courts (21 %).
"D'après les études scientifiques, nous savons que la recharge des batteries pendant les vacances dépend de plusieurs facteurs : la détente, la dissociation avec le travail, le contrôle de son temps et la découverte de nouvelles choses. Il est important que les travailleurs profitent au maximum de leurs vacances pour se concentrer sur ces 4 aspects. S'ils n'y arrivent pas durant toute leur période de vacances, ils doivent alors s'efforcer de le faire au moins au début et à la fin de leur période de vacances, avec de préférence un pic au milieu de la période, afin d'en retenir malgré tout un ressenti positif", explique la professeure Van den Broeck.
Quand le travail s'accumule
À en croire les réponses des travailleurs, 45 % des managers font peu, voire rien du tout pour compenser l'absence de collègues en vacances. Seuls 20 % prennent des mesures : soit assumer eux-mêmes davantage de boulot (6 %), soit répartir loyalement le travail parmi les collègues restés (14 %). Pourtant, 22 % des travailleurs déclarent être obligés de rattraper le retard dès leur retour au boulot, ce qui indique que chacun doit s'organiser soi-même, voire entre collègues.
"Une équipe qui fonctionne bien veille à ce que le travail des vacanciers soit équitablement réparti entre les collègues. Mais la pression supplémentaire et le stress que ressentent beaucoup de travailleurs à leur retour montrent que la gestion du personnel et la planification du travail pourraient être meilleures, afin que chaque collaborateur puisse préserver plus longtemps l'agréable sensation des vacances après le retour au travail", explique Sébastien Cosentino, porte-parole de Tempo-Team.
*C'est ce qui ressort de l'étude Red Report 2023 de Tempo-Team, réalisée par un bureau d'études indépendant en collaboration avec la professeure docteure Anja Van den Broeck, experte en motivation du travail à la KU Leuven, auprès d'un échantillon représentatif composé de 2500 travailleurs et 250 employeurs pour sonder leur ressenti sur des thématiques actuelles concernant le lieu de travail.
Liesbet Debucquoy